Le compostage domestique transforme vos déchets organiques en un amendement précieux pour votre jardin. Découvrez toutes les clés pour produire votre propre compost de qualité professionnelle et enrichir naturellement votre sol sans dépenser un centime.
Le compost : l'or brun du jardinier
Le compost maison représente bien plus qu'un simple recyclage de déchets. C'est un véritable écosystème vivant qui produit l'un des meilleurs amendements organiques pour votre jardin. Riche en humus, en microorganismes bénéfiques et en nutriments assimilables, le compost améliore durablement la structure du sol et nourrit vos plantes naturellement.
Chaque foyer français produit en moyenne 200 kg de déchets organiques par an, dont 80 kg de déchets de cuisine. Plutôt que de les jeter, le compostage les transforme en ressource fertile tout en réduisant vos poubelles de 30 à 40%. Une démarche écologique et économique qui s'inscrit parfaitement dans une approche de jardinage durable.
Associé aux engrais Fertilaine, votre compost maison crée un programme de fertilisation complet qui répond à tous les besoins de votre jardin tout au long de l'année.
Comprendre le processus de compostage
Le compostage est un processus naturel de décomposition aérobie orchestré par des milliards de microorganismes. Comprendre ce mécanisme vous permet d'optimiser votre production et d'obtenir un compost de qualité supérieure.
Les acteurs de la décomposition
Le compost grouille de vie invisible et visible qui travaille à la transformation de la matière organique :
- Les bactéries : premiers intervenants, elles décomposent les molécules simples et génèrent la chaleur caractéristique du compost actif
- Les champignons : spécialisés dans la dégradation des matières ligneuses et cellulosiques
- Les actinomycètes : ces bactéries filamenteuses décomposent les matières résistantes et donnent l'odeur de terre forestière au compost mûr
- Les vers de compost : véritables usines de transformation, ils digèrent la matière et produisent un lombricompost exceptionnel
- Les arthropodes : cloportes, mille-pattes et acariens fragmentent les débris et aèrent le compost
Les phases du compostage
Le compost traverse plusieurs étapes avant sa maturation complète :
- Phase mésophile initiale (1-3 jours)
Les bactéries mésophiles colonisent les déchets frais. La température monte progressivement jusqu'à 40°C. Cette phase nécessite un bon équilibre entre matières azotées et carbonées.
- Phase thermophile (1-2 semaines)
La température atteint 50 à 70°C. Les bactéries thermophiles détruisent les pathogènes, les graines d'adventices et décomposent rapidement les matières organiques. Cette montée en température indique un compost bien équilibré.
- Phase de refroidissement (2-4 semaines)
La température redescend progressivement. Les champignons et actinomycètes prennent le relais pour dégrader les composés complexes. Le compost prend une teinte brunâtre.
- Phase de maturation (2-6 mois)
Le compost refroidit complètement. Les vers et la microfaune finissent la transformation. L'humus stable se forme, donnant au compost sa couleur brun-noir et son odeur de sous-bois. C'est à ce stade qu'il devient un amendement de qualité optimale.
Choisir et installer son composteur
Le choix du système de compostage dépend de votre espace disponible, du volume de déchets produits et de votre engagement.
Le composteur en bois ou plastique
Solution classique pour les jardins, le composteur fermé protège le processus des intempéries et des nuisibles :
- Volume recommandé : minimum 300 litres pour une famille de 4 personnes
- Emplacement idéal : mi-ombre, sur terre nue pour faciliter la colonisation par les organismes du sol
- Matériaux : bois non traité ou plastique recyclé, avec couvercle et trappe de récupération
- Avantages : protection contre les animaux, maintien de l'humidité, esthétique soignée
Le compost en tas
Méthode traditionnelle et économique, le tas de compost convient aux grands jardins produisant beaucoup de déchets végétaux :
- Dimensions minimales : 1m x 1m x 1m pour atteindre la masse critique nécessaire à la montée en température
- Installation : directement sur le sol, éventuellement délimité par des palettes ou du grillage
- Avantages : grande capacité, accès facile, colonisation naturelle optimale
- Inconvénients : exposition aux intempéries, aspect moins soigné, accessibilité aux animaux
Le lombricomposteur d'appartement
Pour les espaces restreints, le lombricompostage offre une solution compacte et sans odeur :
- Capacité : 40 à 60 litres suffisent pour un couple
- Emplacement : intérieur (cuisine, balcon, cave) à température stable 15-25°C
- Production : compost et thé de compost liquide, fertilisant concentré
- Particularité : nécessite des vers spécifiques (Eisenia fetida ou andrei)
Le composteur rotatif
Solution moderne pour accélérer le processus grâce à un brassage facilité :
- Temps de compostage : 4 à 8 semaines contre 6 à 12 mois en composteur classique
- Ergonomie : rotation simple sans effort de retournement
- Hygiène : système fermé idéal pour zones urbaines
- Investissement : plus coûteux mais gain de temps significatif
Que composter ? La règle d'or des déchets organiques
La qualité de votre compost dépend directement de ce que vous y mettez. Tous les déchets organiques ne se valent pas pour le compostage domestique.
Les matières vertes : l'azote du compost
Riches en azote et humides, les matières vertes activent la décomposition et nourrissent les microorganismes :
✓ À composter sans modération
- Épluchures de fruits et légumes : source principale en cuisine
- Marc de café avec filtre : excellent activateur riche en azote
- Sachets de thé : sans agrafe métallique
- Tontes de gazon : en couches fines (2-3 cm) pour éviter le compactage
- Plantes vertes fanées : tiges tendres et feuillage frais
- Restes de légumes cuits : nature, sans sauce ni matières grasses
- Fumier frais : de poules, lapins, chevaux (excellent activateur)
Les matières brunes : le carbone structurant
Riches en carbone et sèches, les matières brunes structurent le compost et absorbent l'excès d'humidité :
✓ Essentiels pour l'équilibre
- Feuilles mortes : broyées idéalement, excellent équilibrant
- Paille et foin : apportent structure et aération
- Cartons bruns non imprimés : découpés en morceaux, absorbent l'humidité
- Papier journal : en quantité modérée, froissé pour éviter le compactage
- Sciure et copeaux de bois : non traités, en petite quantité
- Brindilles et petites branches : broyées pour accélérer la décomposition
- Coquilles d'œufs écrasées : apportent calcium et structure
Les déchets à éviter absolument
Certains déchets perturbent le compostage ou créent des nuisances :
✗ À ne jamais composter
- Viandes et poissons : attirent les nuisibles et dégagent des odeurs nauséabondes
- Produits laitiers : fermentation anaérobie et odeurs désagréables
- Graisses et huiles : imperméabilisent le compost et ralentissent la décomposition
- Excréments de carnivores : risques sanitaires (chiens, chats)
- Plantes malades : risque de propagation des pathogènes
- Adventices montées en graines : ressèmeront dans votre jardin
- Bois traité ou vernis : produits chimiques toxiques
- Cendres de charbon : métaux lourds et substances toxiques
- Litières d'animaux : même biodégradables, risques sanitaires
Les déchets à composter avec précaution
Certaines matières nécessitent des précautions particulières :
- Agrumes : en petite quantité, leur acidité peut ralentir le processus
- Oignons et ail : modérément, ils peuvent repousser les vers
- Pain et pâtes : uniquement en petites quantités, attirent les rongeurs
- Cendres de bois : saupoudrer légèrement, riches en potasse mais alcalinisantes
- Tailles de thuya et conifères : en très petite quantité, ralentissent la décomposition
L'équilibre parfait : le ratio carbone/azote
Le secret d'un compost réussi réside dans l'équilibre entre matières vertes (azote) et matières brunes (carbone). Ce rapport optimal se situe autour de 25-30 volumes de carbone pour 1 volume d'azote.
Reconnaître les déséquilibres
Excès d'azote (trop de vert)
Symptômes :
- Odeur d'ammoniaque ou de putréfaction
- Aspect visqueux et compacté
- Présence de mouches et moucherons
- Écoulement de liquide noirâtre
Solution : Ajouter immédiatement des matières brunes (feuilles mortes, carton, paille) et brasser pour aérer.
Excès de carbone (trop de brun)
Symptômes :
- Décomposition très lente ou stagnante
- Compost sec et poussiéreux
- Absence de chaleur
- Peu d'activité biologique visible
Solution : Incorporer des matières vertes fraîches (tontes, épluchures) et humidifier si nécessaire.
La méthode des couches alternées
Pour maintenir l'équilibre naturellement, adoptez la technique du mille-feuille :
- Commencez par une couche drainante de brindilles (10 cm)
- Alternez couches vertes (5-7 cm) et brunes (7-10 cm)
- Terminez toujours par une couche brune protectrice
- Arrosez légèrement les couches sèches lors de l'ajout
Cette stratification favorise la circulation d'air, régule l'humidité et assure une décomposition harmonieuse de l'ensemble.
Les gestes essentiels pour un compost de qualité
Au-delà du choix des matières, quelques actions régulières garantissent la réussite de votre compostage.
L'aération : oxygéner pour accélérer
Le compostage est un processus aérobie qui nécessite de l'oxygène. Un compost bien aéré se décompose 3 à 4 fois plus vite qu'un compost compacté :
- Fréquence : brassage toutes les 2-3 semaines lors de la phase active
- Technique : mélanger les couches du centre vers l'extérieur avec une fourche ou un aérateur de compost
- Bénéfices : homogénéisation, relance de l'activité microbienne, élimination des poches anaérobies
- Alternative : incorporer des matières structurantes (brindilles, paille) qui créent des canaux d'aération naturels
L'humidité : ni trop, ni trop peu
L'humidité idéale d'un compost se situe autour de 50-60%, comparable à une éponge essorée :
Test de l'éponge
Pressez une poignée de compost dans votre main :
- Humidité parfaite : quelques gouttes perlent, le compost garde sa forme
- Trop sec : aucune goutte, le compost s'émiette → arrosez légèrement
- Trop humide : l'eau coule abondamment → ajoutez des matières brunes absorbantes
La surveillance de la température
La température révèle l'activité de votre compost :
- 20-30°C : phase de démarrage ou compost en maturation
- 40-60°C : phase active optimale, excellente décomposition
- 60-70°C : phase thermophile, hygiénisation du compost
- Au-delà de 70°C : surchauffe, risque de destruction des microorganismes bénéfiques → aérer
Un thermomètre de compost permet de suivre précisément ces variations et d'intervenir au bon moment.
Le broyage : accélérer la décomposition
Plus les déchets sont fragmentés, plus la surface d'attaque pour les microorganismes est importante :
- Broyage grossier : couper les gros légumes, tronçonner les tiges
- Broyage fin : utiliser un broyeur pour les branches et tailles
- Gain de temps : divise la durée de compostage par 2 à 3
- Amélioration structurelle : mélange plus homogène et meilleure aération
Résoudre les problèmes courants du compostage
Même avec de bonnes pratiques, certains désagréments peuvent survenir. Voici comment les identifier et les corriger.
Mauvaises odeurs
Causes possibles :
- Excès de matières azotées (déchets de cuisine)
- Manque d'oxygène (compost tassé)
- Excès d'humidité créant des zones anaérobies
Solutions immédiates :
- Incorporer généreusement des matières brunes (feuilles, carton)
- Brasser vigoureusement pour réoxygéner
- Ajouter une couche de terre de jardin ou de compost mûr pour absorber les odeurs
- Couvrir systématiquement les apports de cuisine avec des matières carbonées
Présence de mouches et moucherons
Causes : Déchets de cuisine exposés, excès d'humidité
Solutions :
- Enterrer les déchets frais au centre du compost
- Couvrir immédiatement avec 5-10 cm de matières brunes
- Installer un couvercle hermétique sur le composteur
- Éviter les agrumes et oignons en grande quantité (attirent les drosophiles)
Compost trop sec qui ne se décompose pas
Causes : Exposition au soleil, excès de matières brunes, manque d'azote
Solutions :
- Arroser régulièrement par temps sec (comme une plante)
- Déplacer le composteur à mi-ombre
- Ajouter des matières vertes riches en azote (tontes, épluchures)
- Incorporer un activateur : purin d'ortie, fumier frais ou amendement Fertilaine
Rongeurs et animaux indésirables
Prévention :
- Ne jamais composter viandes, poissons, produits laitiers
- Utiliser un composteur fermé avec grillage anti-rongeurs au fond
- Enterrer profondément les restes alimentaires
- Maintenir le compost actif et chaud (les rongeurs évitent les composts à 50°C+)
Prolifération de champignons blancs
Diagnostic : Signe positif ! Ces mycéliums indiquent une décomposition active, particulièrement des matières ligneuses.
Action : Aucune intervention nécessaire. Les champignons disparaîtront naturellement en phase de maturation.
Quand et comment utiliser votre compost ?
Savoir reconnaître un compost mûr et l'utiliser au bon moment maximise ses bénéfices pour votre jardin.
Reconnaître un compost mûr
Un compost prêt à l'emploi présente ces caractéristiques :
- Aspect : texture homogène, couleur brun foncé à noir
- Odeur : agréable odeur de sous-bois et d'humus
- Structure : friable et grumeleuse, comme un terreau
- Température : identique à l'air ambiant (plus de chaleur résiduelle)
- Matières initiales : méconnaissables, seuls quelques morceaux ligneux persistent
- Test de germination : des graines de cresson germent normalement dans le compost pur
Le compost jeune : booster de printemps
Un compost de 3-4 mois, pas totalement décomposé, peut être utilisé avantageusement :
- Paillage fertilisant : épandage en surface (5-10 cm) au potager et verger
- Période optimale : automne et hiver, la décomposition finale se fera au sol
- Bénéfices : apport nutritif progressif et protection hivernale
- Précaution : ne pas l'incorporer directement aux semis, risque de blocage par faim d'azote
Le compost mûr : amendement universel
Après 6-12 mois de maturation, le compost devient un amendement complet :
Au potager
- Préparation du sol : incorporer 3-5 kg/m² avant plantation
- Apport en surface : paillage nutritif de 2-3 cm entre les rangs
- Cultures gourmandes : tomates, courges, choux apprécient 5-8 kg/m²
- Lors du repiquage : 1-2 poignées au fond du trou de plantation
Pour la pelouse
- Terreautage : tamiser et épandre 1-2 kg/m² au printemps ou automne
- Rénovation : 5-10 kg/m² lors d'un regarnissage complet
- Fréquence : une application annuelle suffit
Massifs et arbustes
- Plantation : mélanger 30-50% de compost à la terre extraite
- Entretien annuel : griffer 2-3 cm de compost en surface au printemps
- Rosiers et vivaces : particulièrement réceptifs à un apport automnal
Plantes en pots
- Substrat de rempotage : 20-30% de compost mélangé au terreau
- Surfaçage : remplacer les 2-3 cm supérieurs par du compost frais
- Attention : ne jamais utiliser de compost pur en pot, trop riche et compact
Le thé de compost : fertilisant liquide
Infuser du compost produit un fertilisant liquide riche en nutriments solubles et microorganismes :
- Remplir un sac en toile de compost mûr
- Tremper dans 10 litres d'eau de pluie pendant 24-48h
- Brasser régulièrement pour oxygéner
- Diluer 1/10 avant utilisation
- Appliquer en arrosage ou pulvérisation foliaire
Ce « thé » active la vie microbienne du sol et booste la croissance des plantes, particulièrement efficace au démarrage des cultures.
Composter selon les saisons
Le compostage s'adapte aux rythmes naturels du jardin. Chaque saison apporte son lot de matières spécifiques.
Printemps : la relance
- Matières disponibles : premières tontes, tailles de haies, déchets de cuisine abondants
- Actions : brasser le compost hivernal, transvaser le compost mûr, démarrer un nouveau tas
- Utilisation : épandre le compost mûr avant les plantations de printemps
- Astuce : les tontes printanières